Les Collab’ | #11 Lallemand Animal Nutrition et le C2VN

Les Collab’ | #11 Lallemand Animal Nutrition et le C2VN

Dans cette nouvelle collab, focus sur le partenariat entre la plateforme CRIBIOM du C2VN et l’unité d’affaire Nutrition Animale de la société Lallemand, dans le cadre d’une étude sur la relation entre l’alimentation et la santé des chiots.

Pourquoi l’alimentation est-elle déterminante dans les premiers jours de vie des chiots ?

Malgré les progrès de la médecine vétérinaire, la mortalité néonatale reste élevée dans l’espèce canine et a donc un impact non négligeable pour les éleveurs. En effet, près d’un chiot né vivant sur dix meurt avant l’âge de deux mois. Différents facteurs de risque ont été identifiés dont le petit poids de naissance qui en plus d’être associé à un risque accru de mortalité néonatale, possède des effets sur la santé à plus long terme comme le surpoids. Le poids d'un chiot à la naissance est le reflet de sa croissance intra-utérine dont la qualité va en partie dépendre de l'alimentation de la mère qui, en apportant tous les macro- et micro-nutriments, va assurer la bonne santé des chiennes en gestation. Ceci va permettre un bon développement de leurs chiots, du début de la gestation jusqu’à la fin de la période d’allaitement. Une attention particulière doit être portée aux trois premières semaines de vie des chiots (période néonatale) car c’est durant cet intervalle que les chiots sont les plus sensibles. C’est également la période pendant laquelle leur microbiote intestinal se développe et contribue au bon développement du système digestif.

Vous avez dit microbiote ?

Le microbiote intestinal est l’ensemble des micro-organismes (archées, bactéries et levures) du tractus gastro-intestinal. Il est aujourd’hui considéré comme l'équivalent d'un nouvel organe, essentiel à la survie de son hôte. En effet, ces micro-organismes partagent un lien profond avec leur hôte en lui fournissant des propriétés métaboliques cruciales pour sa santé, dont il ne dispose pas. Le microbiote intestinal contribue ainsi à l'assimilation des nutriments, à la modulation des fonctions vitales telles que la digestion, la production de métabolites clés ou la stimulation du système immunitaire. La composition du microbiote intestinal peut être affectée par de nombreux facteurs tels que l'âge, l’alimentation, l'environnement, mais aussi des facteurs maternels. Alors que la compréhension des facteurs impliqués dans la formation du microbiote intestinal humain progresse rapidement, les connaissances sont encore limitées en ce qui concerne les animaux de compagnie et d’élevage.

Etude de l’effet d’un probiotique chez les chiens

Dans le cadre d’une collaboration entre Lallemand et l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, une étude a été menée afin d’évaluer les effets bénéfiques d’un probiotique, produit par Lallemand, sur les chiennes et leurs chiots. Elle a été réalisée au sein d’un élevage sur des chiennes de différentes races. Une fois la gestation confirmée, les chiennes ont été supplémentées avec le probiotique deux fois par jour jusqu’au sevrage des chiots (2 mois après la mise-bas). Différents paramètres ont été évalués dont le microbiote, analysé par la société Lallemand et le métabolome. Pour cette seconde partie, la société Lallemand a collaboré avec la plateforme CriBioM du C2VN (Aix-Marseille Université), chargée d’identifier l’impact du probiotique sur des biomarqueurs, appelés métabolites, dans le sang et les urines des animaux.   Cette-dernière a mis en œuvre des études de métabolomique très pointues réalisées par spectrométrie de masse. Cette technique permet d’étudier de petites molécules chargées en fonction de leur rapport masse/charge (acides gras, acides aminés, alcools, composés phénoliques…) qui représentent les produits finaux du métabolisme et vont refléter l’état général de l’animal. Par ailleurs, sa précision rend possible l’évaluation des métabolites produits par les micro-organismes même en petite quantité. Ainsi, l’ensemble des métabolites (appelé métabolome) a été exploré et comparé entre les groupes d’animaux. Les chercheurs ont essayé de mettre en évidence des différences de métabolome entre les chiots de petit poids à la naissance et ceux plus lourds ou encore entre les chiots nés de femelles ayant reçu le probiotique et ceux de chiennes non supplémentées.

Des résultats prometteurs

L’analyse de l’ensemble des données produites est toujours en cours. Cependant, les premiers résultats sur le microbiote ont montré que les chiots de petit poids à la naissance présentaient une plus faible richesse bactérienne et une plus grande abondance de bactéries opportunistes au cours des trois premières semaines de vie, ce qui les rend plus susceptibles aux troubles intestinaux. L’hypothèse proposée est que la différence de microbiote observée chez les chiots de faible poids à la naissance va impacter la consommation d’oxygène dans le tractus digestif. Le niveau d'oxygène plus élevé dans l'intestin des chiots de petit poids serait favorable aux bactéries anaérobies facultatives et retarderait l'établissement des bactéries anaérobies strictes (qui ne peuvent pas s’installer en présence d’oxygène), favorables à la maturation de l'intestin. Ce délai expliquerait finalement la prévalence accrue de troubles intestinaux chez les chiots de petit poids de naissance. Par ailleurs, les données produites par la plateforme CriBioM sur l’analyse du métabolome, suggèrent que les chiots issus de mères ayant reçu le probiotique digèreraient mieux le lait maternel, potentiellement du fait d’un microbiote intestinal plus favorable.

Cette étude multidisciplinaire novatrice permet de mettre en évidence des relations entre la santé des chiots et leur microbiote intestinal. Elle a également souligné les effets bénéfiques du probiotique via une administration aux chiennes. Pour finir, les connaissances acquises sur la composition et la mise en place du microbiote chez le chiot nouveau-né, peuvent aussi être utiles pour identifier des solutions nutritionnelles permettant de limiter les problèmes au cours de la période néonatale dans l’espèce canine, telles que le probiotique de la société Lallemand. Les résultats feront l’objet de plusieurs articles scientifiques, dont un, portant sur la mise en place du microbiote chez le chiot, est d’ores et déjà publié.

Publication

Composition and evolution of the gut microbiota of growing puppies is impacted by their birth weight. Garrigues Q., Apper E., Rodiles A., Rovere N., Chastant S. and Mila H. Sci Rep 13, 14717 (2023). https://doi.org/10.1038/s41598-023-41422-9