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Récupération par le froid : la clé de l’optimisation des performances

Personne immergée dans un bain froid

Récupération par le froid : la clé de l’optimisation des performances

Les bains de glace, ou bains froids, sont devenus une méthode populaire de récupération pour les athlètes de haut niveau.

Dans les sports de contact tels que le rugby ou la boxe, les bains froids aident à diminuer les réponses inflammatoires. Les pilotes de Formule 1 intègrent, eux aussi, cette technique après chaque séance pour abaisser rapidement leur température centrale, et récupérer plus rapidement. Pour les sports d’endurance comme le ski de fond ou encore le VTT, les bains froids sont notamment utilisés pour améliorer la circulation sanguine.

Bien que tous visent une récupération optimale, les bienfaits escomptés via l’intégration de cette technique diffèrent selon l’activité. Pour maximiser l’efficacité de ces bains froids, il est crucial de déterminer quels seraient les protocoles les plus adaptés pour répondre à ces multiples besoins.

C’est précisément sur cela que travaille Dorian, doctorant au sein de l’UAR HIPE HUMAN LAB, en collaboration avec le Centre de Résonance Magnétique Biologique et Médicale (CRMBM), le Centre de Résonance Magnétique des Systèmes Biologiques UMR5536 / CRMSB (Unité mixte de recherche rattachée au CNRS et à l'université de Bordeaux), ainsi que l’Institut Universitaire des Systèmes Thermiques Industriels (IUSTI).

Vers une méthode d’application du froid optimale

L’objectif principal de cette étude est de créer et de valider un modèle dynamique personnalisable prenant en compte les réponses thermorégulatrices, en sorte de prédire avec précision l’évolution de la température en tout point de la zone étudiée (la cuisse dans un premier temps), en fonction des contraintes environnementales et des caractéristiques de l’individu. Cela s’inscrit dans un projet plus large d’amélioration des soins lors de l’admission en réanimation de patient hyperthermique, par exemple après un coup de chaleur à l’exercice.

À terme, l’extension de ce modèle au corps entier permettrait de prédire la meilleure méthode d’application de froid pour ces patients, en fonction de leur morphologie, et ainsi d’augmenter leur espérance de vie.

De la thermorégulation à la modélisation

Pour atteindre cet objectif, plusieurs expérimentations sont menées.

Les sportifs participants à l'étude doivent être capables de réaliser des efforts intenses, comme 50 minutes de vélo, pour permettre une montée en température suffisante.

Avant l’effort, de multiples mesures anthropométriques sont réalisées sur le participant. Une fois l’effort réalisé, les participants sont immergés dans des bains froids, et leurs réponses physiologiques sont collectées. Ces données sont ensuite utilisées pour créer un modèle élément fini de leurs jambes prenant en compte l’augmentation de la dépense énergétique due au froid (cette dernière étant délétère pour la récupération) avec l’augmentation de de la thermogenèse frissonnante et non frissonnante.

Illustration du modèle utilisé dans les études de ce projet

Grâce à l’imagerie par Résonance Magnétique (IRM), des images anatomiques de la cuisse sont effectuées permettant ainsi de simuler en 3D l'application du froid à l'extérieur de cette partie du corps et d'observer comment celui-ci pénètre dans les muscles. L’IRM permet également de mesurer les températures musculaires en différents points afin de déterminer l’ampleur du réchauffement réalisé par les différents types de thermogenèse, mais également de valider la concordance entre les températures mesurées et simulées. En complément de l'IRM, des techniques telles que l'échographie doppler pour analyser la vasoconstriction, ou bien des techniques de mesure proche infra rouge (NIRS) ou RMN pour mesurer localement la consommation d’oxygène, reflètent la dépense énergétique.

Image : modèle utilisé dans les études de ce projet

Ainsi, les protocoles de récupération pourront être personnalisés pour chaque athlète, prenant en compte des facteurs tels que le sexe, la corpulence, et la circonférence de la cuisse, elle-même influencée par l’épaisseur totale des différents tissus qui la composent. L’étude se concentre également sur des paramètres spécifiques tels que le temps d’immersion, la température de l’eau, et la durée d’inactivité post-immersion. Ces derniers jouent un rôle déterminant dans la récupération par le froid. En effet, si l’un de ces paramètres se voit modifié, cela peut avoir un impact important sur l’efficacité de la récupération des athlètes.

Les experts s’intéressent particulièrement à la phase post-immersion en étudiant les effets d’une récupération passive après le bain froid (l’athlète demeure en position allongée sans réaliser d’activité), et ceux d’une récupération active (le sportif effectue un effort léger tel que de la marche).

Des protocoles d’immersion personnalisés

La prochaine étape de cette recherche consiste à mener des expérimentations à des températures plus élevées, afin de minimiser le choc pour l’organisme et d’obtenir de nouveaux résultats. Une fois le modèle établi, il sera possible de recommander avec précision la température idéale et les protocoles d’immersion pour une récupération optimale.

Photo d'une personne immergée dans le bain froid utilisé pour l'expérienceÀ terme, ce modèle pourra être utilisé pour améliorer non seulement les performances sportives, mais aussi la gestion des coups de chaleur et des conditions hyperthermiques.

Les bains froids représentent une avancée majeure et peu onéreuse dans la récupération sportive. Grâce à des recherches approfondies et des modèles personnalisés, il sera possible d'optimiser ces protocoles pour chaque athlète, améliorant ainsi leur performance et leur bien-être.

Ces études ouvriront aussi la voie à de nouvelles méthodes pour traiter les patients hyperthermiques, augmentant potentiellement leur espérance de vie. Les maladies métaboliques peuvent également être une cible intéressante du traitement par immersion en eau froide. La science du sport et de la santé progresse ainsi main dans la main, promettant des innovations bénéfiques pour tous.

Crédits photos : Valéry Ozenne - CRMSB